Une variété d’architectures traditionnelles
Lorsque nous pensons « maisons basques », la maison de type labourdine est la première à faire irruption dans notre esprit. Ces maisons aux pans de toit généralement asymétriques ont été créées pour résister aux vents forts venus de l’Atlantique. Aux façades tournées vers l’est et blanchies à la chaux, contrastées par des colombages aux couleurs rouges, bleus ou verts … C’est un symbole fort au Pays basque nord.
La variété des territoires, la diversité du relief, les conditions météorologiques, ont amené de nombreux autres styles architecturaux à exister aux côtes de cet emblème. Comme la maison « bas-navarraise » qui a un style proche de la maison labourdine. Elle se signale par sa façade ornée de pierres de grès rose ou rouge, et un linteau généralement sculpté au-dessus de la porte d’entrée.
Il y a également les maisons souletines, davantage faites pour résister aux neiges avec leurs toits en ardoise très pentus comme on peut les retrouver sur la maison béarnaise.
Ces maisons étaient conçues de façon à répondre aux usages essentiellement agricoles. Principalement des fermes construites pour la culture et l’élevage. Avec un grenier de stockage pour les aliments, un porche étaient entreposés matériel et outils et qui était utilisé comme abri pour travailler … Ces modes de construction, traditionnels tout comme le modèle d’approvisionnement en matériaux de construction, étaient régionaux. Ces procédés ont quasiment disparu aujourd’hui.
L’identité architecturale de ces maisons est propre au Pays basque. Les façades présentent des compositions recherchées et un vocabulaire caractéristique de l’identité basque. Les générations précédentes nous ont légué ce patrimoine, c’est donc de notre responsabilité de le conserver en bon état et de le restaurer.
La maison basque traditionnelle, une utilité sociale
Cette habitation abritait différentes générations d’une même famille. La vie sociale des Basques s’organisait autour de la maison. Seuls les chefs de famille propriétaires d’une maison assistaient aux assemblées du village. La maison était un élément d’intégration dans la communauté.
Jusqu’au XVIIe siècle, il était fréquent d’appeler une famille par le nom de la maison. D’ailleurs, certaines familles portent encore aujourd’hui des noms de maison. De nos jours, la correspondance entre ces pratiques sociales, culturelles et la production architecturale a disparu.
Le développement touristique au XXe siècle
Un mouvement d’architecture régionaliste se dessine dans plusieurs régions françaises et notamment au Pays basque dont les habitations traditionnelles paysannes présentent des caractéristiques tout à fait particulières.
Les architectes locaux reprirent alors les modèles traditionnels en les adaptant aux besoins d’une clientèle aisée, très attirée par le côté pittoresque de la région.
C’est alors que s’installe la tendance du néo-basque. Les architectes prennent davantage de liberté et favorisent les pierres apparentes, avec les toits de plus en plus asymétriques, des couleurs pour les poutres qui diffèrent du rouge sang-de-bœuf.
La villa Arnaga à Cambo-les-Bains en est d’ailleurs une belle représentation.
À la même période, le courant d’Art Déco se répandait à l’échelle mondiale. Il ne tarda pas à arriver sur la Côte basque. De Bayonne à Hendaye ont été édifiés de beaux édifices, marqueurs de cette période.
À Bayonne, on retrouve sur la rive droite, le Didam, ancien bâtiment de l’inscription maritime et de la bourse. Il est un manifeste au courant d’Art Déco. On retrouve aussi la villa Leihorra à Ciboure et le Casino de Biarritz, qui sont des joyaux du style Art Déco.
D’autres styles architecturaux sont présents sur la Côte basque avec par exemple les châteaux Gramont et châteaux Boulard, des monuments de style néo-classique et néo-gothique. Sans oublier l’influence que Napoléon III et l’impératrice Eugénie ont eue sur le paysage basque, avec par exemple la construction de l’Hôtel du Palais à Biarritz, monument emblématique de la ville.
Biarritz, ville très touristique, a été façonnée par différents styles d’architecture. Les crampottes, ces maisonnettes de pêcheurs, côtoient des villas de la Belle Époque, qui rappellent celles des stations balnéaires de Deauville, Saint-Malo ou Arcachon.
Les feux d’alignement de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, le casino d’Hendaye et d’innombrables bâtiments édifiés durant cette période ont été vivement contestés lors de leur construction … avant de devenir de nos jours, des figures emblématiques de la Côte basque. Demandez aux Biarrots s’ils sont fiers de leur Hôtel du Palais ?
Vous pouvez également questionner les habitants du territoire et les touristes pour savoir ce qu’ils pensent de la singularité architecturale locale.
Habiter un pays, c’est se reconnaître dans une culture, c’est se reconnaître à travers des valeurs et des repères communs. L’identité architecturale en est un !
Architecture et aménagement du territoire, des enjeux importants pour demain
On peut se demander ce qu’est la maison basque d’aujourd’hui … une majorité de constructions modernes se sont réduites à un graphisme imitant le pan de toit de la maison labourdine. Cette tendance s’est démocratisée et est d’ailleurs très répandue pour les maisons dans les lotissements et même pour certains immeubles.
On peut facilement observer de nombreuses zones où l’identité locale est totalement absente. La mondialisation est passée par là et a généré une architecture uniforme sans particularités locales et j’ose dire … sans âme.
L’architecture, « l’art d’édifier des bâtiments » est aujourd’hui à un moment clé de son évolution.
Un défi doit être relevé pour redonner du sens à nos habitations. L’enjeu est de réussir à combiner les nouveaux usages et besoins des individus, le développement durable et imaginer des stratagèmes pour garder la singularité régionale de notre habitat.
Avec la croissance démographique qui ne cesse, le développement touristique de masse, l’attractivité naturelle de la région, on peut remarquer deux sortes de paysages avec d’un côté, le littoral investi par l’urbanisation et de l’autre côté, les collines basques sur lesquelles s’expriment les activités agricoles en recul et soumises à une forte pression foncière.
Cette pression urbaine a engendré de nouvelles constructions, un entassement de la population, une raréfaction des espaces verts …
L’aménagement du territoire a été conduit par l’incroyable développement économique de la région. Les choix politiques et économiques à venir, détermineront la qualité de vie de demain …
JD
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