On en voit partout, été comme hiver, l’espadrille fait partie de l’identité du Pays basque.
S’il ne fait aucun doute que le secteur a connu un véritable essor ces dernières années au niveau mondial, ce n’est pas forcément au profit des artisans qui les façonnent.
Mauléon a longtemps été le siège de l’espadrille mais aujourd’hui que reste t-il de ce savoir-faire ?
Un savoir-faire & des origines controversées
L’invention de l’espadrille est revendiquée à la fois par l’Espagne et par la France et elles sont traditionnellement fabriquées et cousues à la main, composées d’une semelle tressée en corde de jute (ou chanvre) et de tissus, la plupart du temps en toile de lin.
C’est au début du XIXe siècle, à Mauléon, que les Béguerie, une famille d’anciens épiciers, débutèrent la fabrication et la commercialisation d’espadrilles en grande quantité.
La fabrication est réalisée alors par les ouvriers/ères à leur domicile ; le fabricant apporte les matières premières et vient ensuite collecter le produit fini pour le commercialiser.
L’espadrille connaît un franc succès dans les années 1910 notamment dans le Nord de la France où les mineurs en usent une paire par semaine et la main d’œuvre locale vient rapidement à manquer.
On emploie alors des “hirondelles”, des jeunes filles du Pays basque espagnol qui viennent travailler pour la saison. Ainsi de 1896 à 1911 on passe de 537 ouvriers à 1585 dont 65 à 80% sont d’origine espagnole.
Les années 80-90 : l’engouement des pays asiatiques pour l’espadrille.
En 1976 les sandaliers de la province de Soule produisaient environ 15 millions de paires d’espadrilles par an grâce à 3000 ouvriers. Des pays d’Asie se sont ensuite intéressés au secteur et ont commencé à produire des espadrilles à bas coût, ce qui a tout changé.
Philippe Béguerie raconte : « De 1984 à 1993, nous avons traversé des années fastes…
Nos ventes progressaient de 40 % d’un exercice à l’autre, mais, à partir de 1993-1994, la grande distribution française s’est approvisionnée en Asie, notre chiffre d’affaires a chuté presque de moitié. Avec mes frères, nous avons décidé de changer notre fusil d’épaule».
L’entreprise familiale Béguerie a dû diviser son activité tournée d’un côté vers la traditionnelle confection d’articles chaussants et de l’autre vers la maille polaire.
C’est plus globalement toute l’industrie de la chaussure des pays de l’Adour qui est chamboulée avec à la clé de très nombreux licenciements. Il est alors question de restructuration, de diversification et de regroupement des moyens de production.
L’espadrille de Mauléon : une identification géographique refusée en 2016
En 2016 quatre fabricants d’espadrilles (SARL ARMAITE, MEGAM SARL, PRODISO SARL, TAUZIN PÈRE ET FILS SARL) déposent un dossier afin d’obtenir le label indication géographique protégée (IGP).
Un précieux sésame qui leur sera refusé car la matière première des semelles vient du Bangladesh. C’est en effet là-bas que le jute servant à la fabrication de la corde pousse.
Les tentatives pour faire de la corde locale avec des matériaux de récupération ayant jusqu’à présent échoué.
L’une des spécificités de l’espadrille de Mauléon, c’est le cousu machine.
Sur 150 000 paires fabriquées par la SARL ARMAITE, seulement 30 000 à 40 000 paires sont cousues main.
La raison ? Avec un cousu main il n’est possible pour une personne de réaliser que 12 espadrilles en une journée tandis qu’en utilisant le cousu machine c’est 700 à 1 000 paires.
De nos jours comment bien choisir ses espadrilles ?
Bien choisir la pointure :
La toile de l’espadrille se détend pour s’adapter au pied, c’est pour cette raison qu’il est conseillé de choisir ses espadrilles très ajustées (une pointure en-dessous de votre pointure habituelle) pour ne pas les perdre des pieds ensuite. Si vous souhaitez les porter en mode “savates” vous pouvez prendre votre pointure habituelle.
La qualité de la teinture :
Faites attention à la qualité de la teinture réalisée sur le coton. La norme européenne Oeko tex vous protège sur ce point et des cas d’allergies ont été avérés avec des paires d’espadrilles qui ne respectaient pas cette norme.
La couleur du jute pour garder les pieds au frais :
Si vous ne voulez pas d’une paire d’espadrilles qui vous échauffe les pieds, privilégiez un jute de qualité (le plus clair possible).
Enfin, pour mieux vous y retrouver, ci-après une liste de fabricants d’espadrilles à Mauléon :
DON QUICHOSSE
ARMAITE
TAUZIN Père et Fils
MEGAM SARL
PRODISO SARL
Julien Dizdar
paysbasque.net