Dès le début du mois de juin, on voit les têtes de gondoles se remplir des sacro-saints cahiers de vacances et autres passeports pour la réussite scolaire que bien des parents s’empressent d’acquérir. Pourtant, aussi ludique que soit leur forme, beaucoup d’enfants rechignent à se prêter au jeu doux-amer des devoirs de vacances. Et s’ils avaient raison ?
Entre les irréductibles partisans des « vraies » vacances et ceux de l’entretien homéopathique des connaissances, bien des parents hésitent sur l’utilité de donner à leurs rejetons des travaux d’été durant les grandes vacances. Sont-ils nécessaires ? Pour quels élèves ? Sur quels supports ? Petite révision de principe…
Une coupure nécessaire
Quel parent accepterait de partir en vacances avec du travail supplémentaire, histoire de l’obliger à ne pas perdre la main ? Si les adultes ont besoin d’une véritable coupure, il en va de même des enfants qui subissent tout au long de l’année une pression scolaire importante. L’affaire est avant tout une question de principe, mais elle relève également d’un choix stratégique : pour bien fonctionner, notre cerveau a besoin de se libérer des tensions qu’il accumule au quotidien et – comme le résume si bien l’expression consacrée – de se « changer les idées ». Un véritable break est donc impératif. Plutôt que de planifier un programme de travail sur toutes les vacances, mieux vaut donc prévoir un véritable temps mort d’au moins un mois durant lequel l’enfant ne sera soumis à aucune contrainte.
L’imagination au pouvoir
Si vous pensez cependant que votre enfant a réellement besoin d’une petite remise à niveau dans certaines matières et que vous souhaitez profiter des vacances pour faire ce travail, essayez de préférence d’aborder ces thématiques par le jeu et la découverte. Le cahier de vacances a tendance à remettre l’enfant – et ses parents – dans le contexte des devoirs du soir, avec toute la pression et l’agacement mutuel qui peuvent s’y associer. Aborder quelques points de révision à l’occasion de la rédaction d’un livre de voyage, sélectionner des jeux de société ciblés sur des points de difficulté en calcul ou en orthographe ou instaurer des petits temps d’échange en langue étrangère sont autant de façons d’explorer de nouvelles formes d’apprentissage. Plutôt que de chercher la performance, profitez justement de ce moment pour proposer à l’enfant un autre mode de fonctionnement, plus détendu et plus proche de ses centres d’intérêt. En sollicitant votre imagination, vous saurez très certainement mieux que n’importe quel cahier de vacances proposer à vos bouts de chou des approches adaptées à leur personnalité, à leur goût ou à leurs envies.
Redémarrage progressif
Quelques semaines avant la rentrée, une petite remise en condition s’impose cependant pour tout le monde, histoire de ne pas retomber brutalement dans le train-train de l’année scolaire sans aucune transition. Les cahiers de vacances peuvent alors être un bon support pour renouer avec le travail de type scolaire. Mais pour que cette préparation reste un moment agréable, efforcez-vous de respecter certaines règles.
• Une demi-heure, pas plus : prévoyez des séances de travail courtes, à des horaires réguliers. Après cette longue période de liberté, ceci permettra à l’enfant de se réconcilier progressivement avec le temps planifié de ses journées de classe.
• Avec ou sans parent ? L’enfant apprécie généralement que vous soyez présent à ses côtés lors de ces séances de travail. Mais « à côté » ne veut pas dire « avec ». Sauf demande expresse de sa part sur une difficulté précise, laissez-le se débrouiller tout seul. Avant la séance, vous pouvez discuter avec lui de ce qu’il souhaite travailler ce jour-là et vérifier ensemble les exercices qu’il a sélectionnés. Mais une fois l’enfant lancé, évitez d’intervenir, y compris lors de la phase d’autocorrection. Ce n’est que lorsque l’enfant estimera avoir terminé que vous pourrez jeter un coup d’oeil à ce qu’il a fait et éventuellement prévoir avec lui de revenir sur certains points lors de la séance du lendemain. On reste calme : faire réviser les enfants contre leur gré s’avère totalement contre-productif et donne lieu à des séances de travail cauchemardesques qui peuvent tourner au traumatisme lorsque les parents perdent totalement contenance. Les devoirs de vacances sont là pour stimuler les neurones des enfants, mais ne doivent en aucun cas être sources de stress. Évitez les références permanentes à ses résultats de l’année précédente : l’enfant pourrait en outre prendre ces devoirs pour une punition !